Majestueuse, solitaire, elle trône fièrement à 2 909 m d’altitude, comme une sentinelle entre Ubaye et Haute-Bléone. Mais sais-tu que la Grande Séolane est géologiquement… renversée ?

Oui, littéralement. Ce sommet est formé d’une immense dalle calcaire posée à l’envers sur son socle. Une curiosité géologique causée par une nappe de charriage : des blocs rocheux arrachés à leur position d’origine, déplacés sur des dizaines de kilomètres, puis déposés là par les puissants mouvements tectoniques alpins.
Cette montagne est ce qu’on appelle une klippe : un vestige géologique suspendu, comme un îlot oublié dans le temps.

À sa base, tu trouveras le flysch de l’Autapie, composé de sédiments très anciens. Alors la prochaine fois que tu la verras pointer au-dessus des forêts de Pra Loup, souviens-toi que la Séolane est bien plus qu’un sommet : c’est un puzzle géologique vieux de millions d’années.

Un peu plus à l’ouest, un autre sommet capte l’attention : le Chapeau de Gendarme (2 682 m), avec sa silhouette qui évoque un bicorne napoléonien posé sur la crête. On dirait presque un clin d’œil de la nature !

Ce relief si particulier, c’est le résultat d’une érosion différentielle. Les roches dures (calcaires) ont mieux résisté au vent, à l’eau et au gel que les schistes plus tendres. Résultat : deux pointes arrondies se détachent, comme taillées à la main.

Ce sommet met à nu des écailles tectoniques (briançonnaises et subbriançonnaises), habituellement cachées sous le flysch. Une vraie leçon de géologie à ciel ouvert.

Le Chapeau de Gendarme est aussi un repère visuel fort pour les randonneurs de la vallée : été comme hiver, on l’aperçoit de loin, fidèle, immobile… et pourtant sculpté par le mouvement perpétuel du temps.